Sư
Tổ Hàn Bái
Thiếu Lâm Hàn Bái Phai
Quyền Thuật Việt Nam
Maître Lê Van Bai est né en 1889, d’un père,
illustre Mandarin qui, devenu Commandant, instruisait aux
soldats l’Art Militaire .
Descendant d’une famille de Généraux, Lê Van Bai bénéficia
dès son enfance d’un enseignement au plus haut niveau. Doué,
intelligent, il voulait toujours apprendre plus. Ayant entendu
parlé de nombreux Maîtres célèbres, il nourrissait constamment
le désir de partir vers d’autres contrées.
A cette époque, en Chine, l’Art Martial jouissait d’un grand
intérêt populaire et une multitude de grands Maîtres, reconnus
pour leur utilité en matière de défense, s’y distinguaient
(spécialistes à l’épée, en poings et pieds nus etc…).
Un évènement porteur de chance pour Lê Van Bai se produisit
: la société de construction de chemin de fer de la province
frontalière sino-vietnamienne duYunnan recrutait du personnel
pour travailler à Kunming. C’est ainsi que son vœu le plus
cher se réalisa.
A Kunming il fit la connaissance de plusieurs spécialistes
en Art Martial, les affronta et pris conscience que son Art
était encore bien jeune. Il prit alors la décision de se mettre
en quête d’un Maître qui lui enseignerait l’Art (non seulement
les techniques de combat mais aussi les sciences astrologiques,
médicales, traditionnelles…).
Ce n’était pas simple et si, lorsqu’il vivait au Viet Nam,
il avait entendu parler d’un grand nombre d’experts en Chine,
il n’en avait encore trouvé aucun. Il avait pourtant parcouru
la plupart des dix-huit provinces chinoises, côtoyé beaucoup
de monde mais découvrir une personne remarquable revenait
à chercher une aiguille dans une botte de foin… Il avait rencontré
une multitude de spécialistes en Vo mais au fond de lui-même
n’était jamais satisfait car, de son point de vue, aucun n’avait
l’étoffe du grand Maître qu’il attendait.
Enfin il entendit parler d’un illustre Maître au caractère
droit et énergique de la famille des Ly, dans la province
de Phuc Kiên. Sentant qu’il s’agissait de la personne qu’il
recherchait depuis des années, il partit immédiatement vers
cette province pour tenter de bénéficier du savoir du Maître
Ly Quân.
Le Maître Ly était à ce moment le dirigeant et formateur des
soldats de la province de Phu Kiên. Lê Van Bai demanda à être
reçu par Maître Ly. Lorsqu’il fut en sa présence, il lui exposa
sa longue quête et lui exprima son souhait de devenir son
élève. Mais Lê Van Bai voulait, avant de le servir, vérifier
la renommée du Maître et lui demanda quelques démonstrations
de son Art. Au lieu de se mettre en colère, Maître Ly Quân
sourit joyeusement car, pendant leur entretien, il avait déjà
soigneusement observé son futur élève et avait senti en lui
une personnalité hors du commun.
Maître Ly Quân dit :
« Je vous demande de me montrer franchement tout ce que vous
avez appris de fameux jusqu’ici et vous prie d’attaquer le
premier. ».
Lê Van Bai jugea que Maître Ly Quân était en partie digne
de sa réputation et montra en premier ses capacités pensant
qu’il lui serait plus difficile de gagner s’il était sur la
défensive. Il engagea l’action et pénétra avec la main gauche
tandis que le bras droit exécutait la prise «Hac Hô Xuyen
Tâm » (« Le tigre noir perçant le cœur »), pensant qu’au cas
où Ly Quân lèverait le le bras pour parer, il attaquerait
le pied du Maître qui serait ainsi coincé, puis lui administrerait
la prise « Thanh Xà Nhâp Dông » ( « Le serpent vert entre
dans son antre »). Mais il ne pensait pas que Maître Ly Quân
esquiverait simplement, son bras droit accompagnant l’attaque,
se servant de l’annulaire et de l’auriculaire pour retenir
la manche et tirant légèrement dessus tandis que son pied
droit le balayait. Lê Van Bai se retrouva éjecté à plusieurs
pas de là, les mains et les genoux égratignés.
Dès lors, Lê Van Bai considéra Ly Quân comme son Maître, vivant
dans sa maison et s’appliquant à s’instruire. Maître Ly et
sa femme l’aimaient et le considéraient comme leur fils car
celui-ci possédait un cœur généreux et bienveillant. Le Maître
lui transmit toutes ses connaissances en Art Martial et lui
inculqua aussi la bonté, se réjouissant en lui-même de l’excellente
mémoire, de l’intelligence et de la faculté d’assimilation
de son élève. (Dès le premier coup d’œil il retenait les coups
que d’autres apprenaient en plusieurs jours.)
En outre, Ly Phu Nhân, la femme du Maître, compléta l’enseignement
de son mari. Elle était elle même un grand Maître dont l’Art
dépassait même celui de son époux. Les Ly avaient un fils
de l’âge de Lê Van Bai qui s’entraînait quotidiennement avec
ce dernier sous leurs conseils.
Durant son séjour chez les Ly, Lê Van Bai rencontra, parmi
les amis de ceux-ci, de nombreux experts célèbres. Ils avaient
tous vu les capacités de l’élève et l’estimaient, ce qui valut
à Lê Van Bai de recevoir d’excellentes leçons de leur part.
Trois années passèrent ainsi et Lê Van Bai parvint à un niveau
bien supérieur à celui qu’il avait lors de son arrivée et
dépassa même celui de son maître. Néanmoins, dans la région
de Phuc Kiên, la notoriété de son Maître, Officier de la région,
primait sur la sienne.
Tous les Maîtres réputés venus rendre visite au Maître Ly
combattirent avec Bai. Maître Ly avait l’habitude de confier
à sa femme et à son fils que son Art ne surpassait nullement
celui de son élève.
Un soir, après un entraînement, Maître Ly le fit appeler:
« Mon fils, mon Art s’arrête là, tous mes secrets te sont
transmis et je suis très satisfait de te voir produire tant
d’efforts pour progresser. L’Art Martial est sans limites,
je ne veux pas te retenir mais au contraire je veux que tu
continues à progresser. »
Puis il s’arrêta de parler et se dirigea vers son bureau pour
y prendre une lettre.
« Voilà, je viens d’écrire une lettre ; tu devrais retourner
à Kunming et rechercher Maître Triêu Quan Chao : c’est un
ami très intime et dans notre Art, il m’est supérieur, c’est
un grand expert en Vo de l’Ecole Thiêu Lâm. »
Peu après Lê Van Bai fit ses adieux à son Maître.
De retour au Yunnan, tous ses amis et compatriotes organisèrent
une fête pour Lê Van Bai. les hautes personnalités de la ville
furent également invitées à cette occasion.
Le vin lui procurant un sentiment d’orgueil, plein de son
savoir, il se crut unique, un instant.
Dans l’allégresse générale, un homme d’une cinquantaine d’années
se leva et dit :
« Ayant entendu parler de votre grande expérience en Vo, je
me permets de lever un verre à votre santé. »
Lê Van Bai, grisé, provoqua sur le champ le vieil homme et
prononça des paroles hautaines.
Celui-ci resta calme et répondit que dès que Lê Van Bai sentirait
moins le vin, il combattrait. Puis il se retira. Les amis
de Lê Van Bai l’incitaient à se calmer mais il resta irrité
toute la nuit, attendant impatiemment le lever du jour pour
pouvoir affronter le vieillard.
Mais ce dernier n’était autre que Triêu Quan Chao, le fameux
Maître expert du style Thiêu Lâm à qui Maître Ly avait recommandé
Lê Van Bai.
Triêu Quan Chao n’avait que deux disciples vietnamiens : Maître
Bay Muà et Maître Ba Càt. Ils devinrent par la suite les amis
de Lê Van Bai.
Le matin arriva, Bai, lucide, demanda son chemin pour aller
jusqu’à la demeure de Triêu Quan Chao, ne se souvenant plus
de la lettre qu’il portait sur lui, ou peut-être était-il
trop fier pour se présenter avec une lettre de recommandation…ne
pouvait-il pas essayer de combattre avant de devenir le disciple
?
Dès son entrée, il défia Triêu Quan Chao mais celui-ci, serein,
l’invita à prendre le thé. Peu après, il pria Lê Van Bai de
se rendre à l’arrière-cour pour se mesurer à lui. La renommée
du jeune homme lui était parvenue mais il ne connaissait pas
son niveau.
Après s’être dévêtu, Lê Van Bai n’attaqua pas le premier
cette fois-ci, mais fit juste un geste puis tout de suite
recula en Xà Tân (en étant sur la défensive), laissant pénétrer
Triêu Quan Chao et s’attendant à ce que celui-ci vienne sur
la droite ou la gauche. S’il partait vers la gauche, alors
il passerait en Hac Tân et en même temps lui donnerait un
coup de talon gauche sur le visage et s’il partait vers la
droite, alors il retirerait son pied en transformant son Xà
Tân en Chao Ma Tân, bloquant les pieds de Triêu Quan Chao,
nouant ses mains par une clef effectuée de la main gauche
et grâce à la main droite, il frapperait devant le visage
tandis que ses pieds effectueraient un balayage. Ainsi Triêu
Quan Chao n’aurait plus le moyen de se débloquer.
Mais tout cela ne pouvait passer inaperçu à Triêu Quan Chao
qui devina ses intentions. Alors il ne passa ni à droite ni
à gauche mais plaça tout simplement son pied de façon à bloquer
le Xà Tân, la main accrochant son épaule droite, ne frappant
pas mais juste se dégageant. Il ne fut même pas question de
clef, ni d’aucun blocage… Ainsi Lê Van Bai avait trouvé de
nouveau un Maître et il lui remit la lettre de Maître Ly Quân.
A partir de ce moment là, il suivit partout son Maître. En
1918 Lê Van Bai rentra au Viet Nam. Par la suite il retourna
encore trois fois au Yunnan pour ne plus y revenir.
Au Viet Nam, il mit toute sa volonté à instruire un petit
groupe d’hommes mais bien peu s’avéraient capables de suivre
son excellent enseignement, ce qui l’attristait. L’obstacle
le plus difficile concernait la patience, qualité indispensable
pour ce travail; il manquait aussi souvent aux élèves l’amour
de l’Art et malgré son désir de transmettre au plus grand
nombre, rares furent ceux en bénéficièrent pleinement.
Lê Van Bai décéda le 6 du 3ème mois en 1928 du calendrier
lunaire. Sa mort précoce (à 39 ans) réduisit également le
nombre de personnes ayant pu recevoir son enseignement. Parmi
les Maîtres ayant reçu une partie de son savoir (Nguyen Van
Dac, Vu Ba Oai, Quynh, Gian,
Viêu Khang etc…) seul Maître Oai diffusa et rendit célèbre
l’Ecole Han Bai. Il put former d’excellents disciples comme
Do Du Anh qui bénéficia d’une réputation allant jusqu’au Yunnan
( province de Chine regroupant les meilleurs maîtres chinois
dans cet Art), ou comme Truong Minh Lâm de la région de Ben
Tre et Lê Bât Tri de Tây Ninh. Tous sont disparus aujourd’hui.
Notes :
- Le nom de Han Bai est Lê Van Bai et « Han » signifie « rang
d’Académicien militaire ».
Dans le nom Ly Quân, « Quân » signifie « Officier »
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